La création de l’École Nationale d’Administration, au lendemain de l’indépendance, participait de la vaste entreprise de reconstruction de l’État. Ayant reconquis sa souveraineté, le jeune État Algérien devait, tout en veillant à répondre aux attentes immédiates d’une population particulièrement éprouvée, mettre en place ses structures centrales et locales, faire face aux besoins induits par l’administration d’un vaste territoire et s’atteler à étoffer les services laissés vacants à la suite du départ précipité, à partir du printemps 1962, de la plupart des personnels européens de l’ex-puissance coloniale.

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Institution de formation supérieure relevant, à l’origine, de la Présidence de la République, l’Ecole s’est vu confier la responsabilité de former "les futurs cadres de l’administration" destinés aux services centraux et extérieurs de l’État. Au regard de l’ampleur et de la diversité des besoins en la matière, le recrutement des cadres de l’administration est resté, bien sûr, largement ouvert aux diplômés des universités, principalement aux titulaires de licences en droit, en économie, en sociologie, mais également aux diplômés issus de nombreuses filières techniques répondant aux nécessités des administrations sectorielles.


La formation des cadres, assurée par l’ENA, devait s’attacher, pour sa part, non seulement à dispenser aux élèves des enseignements de base dans un ensemble de disciplines des sciences humaines, mais également à développer leurs connaissances théoriques et pratiques de l’administration, de ses principes d’organisation, ses règles de fonctionnent et ses modes de gestion. Il s’agissait, dans la conception de fonction publique de carrière qui allait être adoptée à la faveur du statut général de 1966, de préparer les effectifs appelés à constituer progressivement l’encadrement permanent et professionnalisé de l’administration.

Les aptitudes et qualifications recherchées dans l’exercice de ces fonctions d’encadrement ont concerné certains profils professionnels jugés prioritaires, et par référence auxquels ont été constituées les quatre sections spécialisées originelles de l’Ecole, à savoir "magistrature", "diplomatie", "administration générale" et "économie et finances". Ces filières étaient ouvertes, par ailleurs, aux étudiants ressortissants de pays amis, bénéficiaires de bourses du Gouvernement algérien.

L’accès à l’ENA, organisé sur concours, était ouvert aux bacheliers de l’enseignement secondaire et, dans une moindre proportion jusqu'en 1987 aux fonctionnaires remplissant les conditions statutaires exigées, ces derniers étant placés en position de détachement durant leur scolarité. L’admission à l’Ecole conférait aux élèves non fonctionnaires un statut spécifique, leur assurant un pré-salaire, la sécurité sociale et, en 4ème année, la qualité de fonctionnaire stagiaire.

Fixé à quatre ans, le cursus se déroulait en deux phases, comportant un cycle de tronc commun de deux ans, suivi d’un cycle de spécialité de même durée. Au terme de leur formation, les élèves diplômés étaient invités à choisir leur affectation, selon leur spécialité, en fonction de leur rang au classement de sortie.
Parallèlement à sa fonction de formation, et à l’instar de tout établissement universitaire, l’École s’est investie dans les activités d’études et de recherche, notamment à partir de 1970, date de création du Centre de Documentation et de Recherche Administratives.
Le CDRA est une structure spécialisée au service de l’établissement, et intervient dans la définition des actions et méthodes pédagogiques. Assurant la gestion du fonds documentaire de l’École, le Centre offre en outre un espace approprié aux travaux d’analyse et de recherche sur l’administration publique, à travers l’organisation de conférences et de colloques, ainsi que l’édition du "Bulletin du CDRA" auquel succédera la revue "IDARA", publication semestrielle consacrée aux travaux d’études sur l’administration.

La structure de l’établissement a connu, à la fin des années 1970, une transformation qui s’est matérialisée par le doublement de ses capacités d’accueil et la création d’annexes à Oran et Constantine.
Cette expérience a été abandonnée quelques années plus tard. Au plan pédagogique, les enseignements dispensés par l’École, ainsi que la nature des sections spécialisées ont fait l’objet de révisions successives. Des adaptations ont été introduites, dictées par les évolutions qu’a connues l’administration algérienne, et les mutations observées, de par le monde, dans les conceptions de l’action administrative et dans les conditions de prise en charge de la gestion publique.

Ainsi, dans les années 1980, alors qu’elle est placée successivement sous la tutelle du Secrétariat d’État à la fonction publique et à la réforme administrative (1982) puis celle du Premier Ministère (1984) l’ENA a été amenée à recentrer ses objectifs de formation, ses activités pédagogiques et ses champs de recherche, sur les domaines dans lesquels s’exprimaient les nouvelles attentes de l’administration. Ce redéploiement s’est traduit notamment par la fermeture des sections "magistrature" et "diplomatie", et par l’ouverture de nouvelles filières en "administration locale", "administration de la santé", "audit comptable", "budget", "douane". Une section spéciale, encore opérationnelle aujourd’hui, a été créée au profit des étudiants étrangers, issus de pays du continent africain, se destinant à une carrière diplomatique. Le rattachement de l’Ecole au Ministère de l’enseignement supérieur, en 1987, à consacré son intégration au droit commun des établissements universitaires. Depuis novembre 2005 l'Ecole est rattachée au Ministère de l'Intérieur et des Collectivités Locales.

Au début des années 1990, l’Algérie, qui venait d’instaurer le pluralisme politique, s’engage dans un processus de libéralisation aux plans social et économique. L’E.N.A. entame alors un important effort de mise à niveau et d’adaptation de ses enseignements, qu’elle conduit dans le sillage de ces évolutions nouvelles imprimées aux contextes institutionnel, politique et économique du pays. Elle se préoccupe d’intégrer, dans les programmes de formation, les acquis du progrès des sciences de l’organisation, et entreprend de moderniser ses méthodes et outils pédagogiques, en exploitant notamment les ressources offertes par l’essor remarquable des technologies de l’information et de la communication.

Dans le même temps, répondant aux demandes pressantes de nombreuses administrations, elle élargit le champ de ses activités en organisant des cycles spécialisés de formation continue, réservés au recyclage et au perfectionnement des personnels d’encadrement.

Attentive aux changements qui s’opèrent dans la société et dans le monde, l’École s’attache à dynamiser les travaux d’analyse et de recherche, et à multiplier les débats scientifiques autour de l’action et de la gestion publiques, auxquels elle fait souvent participer les représentants de nombreuses institutions, nationales et étrangères. Elle prend un rôle actif dans l’ouverture de chantiers de réflexion sur les réformes, principalement celle de l’administration, chantiers dans lesquels elle met à contribution ses capacités d’étude et d’expertise, ainsi que ses ressources documentaires.

L’ENA enregistre à son actif, depuis sa création, la formation de plus de 6300 cadres, parmi lesquels un nombre appréciable occupe ou a occupé de hautes fonctions dans les administrations centrales et locales. La qualité et la rigueur de la formation dispensée, la richesse de l’expérience capitalisée au fil des ans, lui valent un renom dont elle tire une fierté légitime. Elle mesure aussi les devoirs que cela implique en termes de constance dans l’effort et d’exigence sans cesse renouvelée de performances au service de l’efficacité de l’administration.

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